Poésie « RAN VALI » |
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S. B |
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Maman
Ranvalli |
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La promenade. Ce
matin je me suis promené sur le front de mer. Puis
j’ai remonté le jardin Guillemin, Alger
toute blanche se mariait avec le soleil Roi, J’approchais
l’orée des bois enchanteurs, |
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La fraternité des cœurs sans frontières. D’Alger, de Paris ou bien
d’ailleurs, Ravivant ce qu’il y a de
meilleur, Voici que souffle l’ardente
prière, Chez les humbles à l’âme
fière. C’est un élan du cœur
spontané, Où la réflexion n’a pas
droit de cité, Où la sournoise rumeur se
meurt, Et laisse s’éclore la
délicate fleur. Plus de temps à perdre,
l’âge avance, Sur le Net file l’émotion
intense, C’est un feu d’artifice
permanent, Multicolore, un jeu
d’enfant. Ils ont juré qu’il n’y
aurait plus de guerre, Plus de paroles au goût
amer, Ils savoureraient
l’ambroisie de leurs fruits, Dans un partage qui les
conduirait au paradis. |
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Souvenirs, souvenirs. Vous
souvenez-vous Notre
cœur se souvient, Les
années ont défilé, triste cortège, Ensemble
nous boirons le thé à la menthe, |
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Alger, Alger !!! Dans
mon ilot de Saint Maur, A
travers leurs escapades, Jasmin,
tu es le roi et tu trônes dans nos cœurs, Je suis
resté ado comme beaucoup de mes amis, |
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L’amitié. Quelques mots ont tout
changé, Ce ne sont pas des mots
mélangés, Mais des mots imprégnés de
sentiments, Qui parlent à nos cœurs
d’enfants. Sommes-nous dispersés comme
le vent ? Qu’est-ce ce souffle
ardent ? Et ce feu qui coule dans
nos veines ? N’est-ce pas l’amitié qui
efface nos peines ? Des choses oubliées dans
nos vieux tiroirs, N’ont que faire de nos
regards dans le miroir, Les années ont passé, les
rides nous le rappellent, Mais les sentiments
s’échappent pêle-mêle. Voici que les quartiers qui
nous ont vus naître, Par les amis nous les font renaître, La Basseta,
la Casbah, que sais-je encore ? Du bonheur qui nous rend un
peu plus fort ! |
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Ran vali, |
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Les enfants de la Rampe. Où étiez vous enfants d’Abraham quand
nous dévalions la rampe ? Nos frêles jambes ne cessaient de nous porter dans ses lacets, du jardin Marengo jusqu’au stade, on ne se lassait, humant les eucalyptus jusqu’à éclater nos tempes. Vous étiez dans les limbes, attendant de naître dans ce quartier, et nos mères sacrifiées se lamentaient sans cesse, dans le secret de leur cœur se déroulait une messe, où l’on devinait à leur sourire qu’elles nous voulaient entier. Car chemise au vent les biceps fleurissant, l’insouciance se régalait de nos jeux et de nos pépins, et la fontaine près des célèbres escaliers de la rue Papin, de son eau claire venait laver nos genoux en sang. Sournoise l’heure fatidique nous guettait dans le noir, nous redoutions la colère du père finissant son labeur, sachant que nous devions rendre compte de nos ardeurs, nous attardant à l’entrée d’une porte amie d’un soir. Venait le matin, hélé par un copain, oubliées les promesses, l’épicier nous voyait courir d’un pas certain, partir vers les bains au bas de Guillemin, attendus par les vagues emplies de leurs richesses. Nous ne nous attardions pas en passant devant monsieur Bérenguer, ni devant l’ami Saïd au milieu de ses fruits et légumes, l’allure
fière, occupé à enrouler son turban et attendant l’heure de la prière, passés les orangers, la voie était ouverte, nous étions gais. Affublés de nos bouées, masques et tubas, un peu fous, le sirocco brûlait nos visages devenus noirs, croisant au passage gitans et gens de foire, chiens à nos trousses, l’aventure était au rendez-vous. Les jours de bonheur filaient, L’Eden, Franco, la mer… la rentrée s’annonçait par des : « Je passe chez
monsieur Tur », l’angoisse nous paralysait, pensez c’était un dur, un bras en moins, mais une volonté de fer. Mais le scoop nous attendait toujours près de l’entrée, monsieur Deswarte garait le side-car
dans le passage, casques et lunettes n’enlevaient rien à la blondeur de son
visage, à sa fine moustache et à son éternelle cigarette adorée. Pour nos maîtres, nous étions de dociles valets, chantant avec eux, complices d’un moment précieux, puis venait la dictée avec ses pièges malicieux, les yeux grands ouverts nous rêvions de la rampe Valée. |
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Ā celui qui fût notre Maître, (Monsieur Deswarte). Un parfum de rose s’en est
allé, rejoignant son monde, celui du savoir, de la pédagogie. Ici et ailleurs, parents ou élèves, se souviendront toujours de sa noblesse. Nos pensées s’unissent, Les frontières n’existent plus, le miracle existe, il vit dans nos cœurs. Dans un élan spontané, nous, les anciens de la rampe, disséminés par un curieux destin, nous lui disons MERCI ! |
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Cinquante après le souvenir vivace du mendiant qui
habitait la rue Parmentier et que beaucoup d'entrevous ont du connaitre est
venu me parler il y environ trois ans. Ce vieillard qui m'émouvait marchait
très mal, il avait une jambe de bois. Il était souvent adossé sur le mur qui
faisait face à la mosquée Sidi-Abderrahmane. J'étais ado et lorsque je
passais devant lui souvent je lui donnais une pièce. Entre-nous quelque de
fort c'était crée, quelque chose de mystique qui touchait mon cœur.
Ni
l’ombre de l’imposture, Ni
l’implacable froidure, En
cette allée d’orangers Ne
troublent mes jeunes années. Seul le
vent qui sème l’effroi Hâte la
course vers mon roi, L’humble
vieillard endimanché D’oripeaux
des charités. Sans
cesse, il psalmodie Des
refrains d’un temps fini, Mélopée
aux secrets accents Des
rives parfumées d’orient. Enfin,
ma pièce jaune Consacrée
sert l’aumône, Et,
sous sa barbe drue des ans Se
blottit dans une main sans gant. L’aube
rend l’éclat des roses, Mais je
ne veux qu’une chose, Revoir
l’immaculée lueur De ses
yeux voilés de pudeur. Aux
jours las qu’égrène le temps, Quand
s’épousent passé, présent, Ses
trémolos chers à mon cœur Sourdent
et bourdonnent en chœur. Dans
les rêves il m’apparaît De
pièces jaunes couronné, Assis
sur un trône antique, Au
bouton, la rose mystique. |
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Maman Mères du sacrifice, Mères du monde, Mères de la Ranvali, Maman, Ima,
Madre. Pleurs d’enfant, Joue contre joue, Mère tendresse, Dans la pénombre du soir. Révolte d’ado, Cri contre cri, Mère chagrin, Cachée dans le noir. Enfin complices, Rire fusionnel, Mère passion, Du soleil plein les yeux. Je me souviens de tout, Alors je t’enlace, T’embrasse, Et te porte au ciel. |
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Mon jardin Marengo. Nous étions enfants près du
bassin, A voir les poissons rouges
et blancs, A bouger, à courir en
culottes courtes, A dire « Maman, maman regarde
comme ils sont gros. Tout près dans les allées
ombragées, Sur des bancs groupés,
cigarettes aux lèvres, Les chenus refaisaient
l’histoire, Et le gardien ses
interminables rondes. Nos corps frêles étaient en
sueur, Le sirocco annonçait la couleur, Nos gorges se désaltéraient
à la fontaine, En cascades l’eau fraiche
dévalait dans nos gosiers. Voici qu’apparaissait le
maitre des lieux, L’allure imposante, l’œil
vif, le regard sévère, Coiffé de son casque
colonial, A la main sa fine baguette. Nos jambes fatiguées se
dirigeaient vers un banc, Nos mères suivaient cabassette à la main, La bouteille de sélecto apparaissait comme par miracle, Suivie des biscuits
délicieux pour nos fins palais. De ces moments nos cœurs ne
cessaient d’en réclamer, Mais vendredi s’annonçait,
la classe, le tableau… Il fallait regagner le
foyer, la vigueur renaissante, Passés la grille, la rampe
semblait nous attendre. |
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Le jardin
Guillemin, Je ne peux oublier le
jardin Guillemin, Adolescent je restais de longs
moments, rêveur, Enivré par les parfums
lourds du matin, Et l’iode marine qui se
mariait avec les fleurs. Le jardinier besogneux,
tout à son art, Ratissait, arrosait, son
bien précieux, Il ne disait mot, seul me
parlait son regard, Qui enlevait ce qu’il y
avait en moi de malicieux. Sans doute m’avait-il
aperçu cueillant les pois orangés, Ces petites grappes
colorées au gout particulier, Sans être nettoyées ou
lavées étaient avidement mangées, Et je n’étais pas fier, ni
bien dans mes souliers. J’avais le privilège d’être
presque un enfant, Mes frêles jambes dans ces
cas là, avec frénésie, Dévalaient le jardin droit
devant, Sans se soucier un instant
de mes fantaisies. Cette descente n’en
finissait pas, en bas, Un autre panorama s’offrait
à mes yeux, Le tramway, le manège,
j’étais tiré d’un mauvais pas, De nouveau je m’asseyais et
admirais la belle bleue. |
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Nano au grand cœur, Il habitait au 36 rue
Réaumur, Banal, n’est-ce pas ? Nano qu’il s’appelle, pas
un dur, Plutôt un type sympa. La nostalgie s’est fait
entendre ! Plusieurs décades s’étaient
écoulées, Il ne pensait qu’à s’y
rendre, Quitter le ciel gris pour
l’Alger. Lui, l’enfant du pays,
revoir ses amis, Après une
si longue absence, Vivre de nouveau,
s’éloigner de l’infamie, Pleurer à chaudes larmes en
silence. Tout près de sa belle rue, Des gamins en haut de la
pente, Tirent aux noyaux, à moitié
nus, Lui sirote un thé à la
menthe. La belle bleue lui sourit, Des parfums oubliés
flattent ses narines, Une musique suave et le voilà
endormi, Il semble être bercé par
l’onde marine. Sûr, il rêve de sa
jeunesse, De l’insouciance, de
l’aventure, Des filles belles aux yeux
qui baissent, Pudiques, au cœur pur. |
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Le soleil d’Alger. Voici qu’un vent porteur
d’espoir, imprègne les cœurs des Ranvalis. ils n’y croyaient plus, le
temps avait pali leurs visages dans la
pénombre du soir. Le soleil roi attendait ce
moment, d’Alger il avait fait sa
résidence, réchauffant les cœurs avec
persévérance, telle l’amour d’une mère pour
ses enfants. Plusieurs décades s’étaient
écoulées, et voici comme par miracle, l’internet portant au
pinacle, leurs sentiments qui les
soulaient. L’un racontant la belle
bleue, d’autres remontant la rampe
main dans la main, on sentait même l’oranger et
le jasmin, sous un ciel toujours bleu. L’adolescence reprenait le
pas, se rappelant les jeux
d’autrefois, La marelle, les tirs de
noyaux, fils et filles de roi, la vie intense les
éloignait du trépas. Pour eux ils avaient
toujours quinze ans, l’innocence et la droiture
du cœur, sachant qu’ils devaient ces
instants de bonheur, au sacrifice et au dur
labeur de leurs parents. |
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Bab’jdid, A peine douze ans, les copains guère plus, on ne tient plus, on va de l’avant. On est sous le choc, Elvis ta musique résonne, Nos têtes bourdonnent, Je veux un d’jean, un
froc ! La rue Papin, les
escaliers, je veux une kmdja rouge Hacène chante, bouge, On monte par paliers. On entend des you, you, you, Là-haut, là-haut, on veut être beaux, Comme dans ‘Loving You’ ! Chouette, il y a Idir, Francis le sicilien, Ya même le khmar du coin, Qui brait à n’en plus
finir. Bab’jdid semble nous attendre, Déjà Louis marchande, sa jaquette, telle une
offrande, le vendeur pas pressé de
vendre. Vonvon a les crocs, Je fais une photo, Merguèzes et sélecto Et le voici doux comme un
agneau. Bélil veut revoir ‘Loving you’, Elvis il veut encore
l’entendre C’est un pur au cœur
tendre, Nous on n’est pas des
voyous ! |
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